NOUVELLE : féminité tatouée
Vous vous souvenez, il y a quelques mois je vous avais parlé de ma participation au concours d'écriture Aufeminin. Pour diverses raisons, ma candidature avait été annulée et j'avais malgré tout poster la nouvelle ici. Vous aviez été nombreux et nombreuses à me faire des retours et c'était top. J'ai réalisé entre temps que l'année précédente aussi j'avais participé. Je n'ai pas gagné MAIS je me suis dit que justement, ça pouvait aussi être l'occasion de partager ici ma participation. Le thème était féminité tatouée, si je ne me trompe pas... Ou alors c'était le titre de ma nouvelle ? Je ne me souviens plus. Bref, voici le texte, je suis très curieuse d'avoir votre avis alors n'hésitez pas à me laisser un commentaire sous cet article ! Bonne lecture :)
Ça va faire un mois pile aujourd’hui. Un mois de crème hydratante quotidienne, de soins, de regards sur ma peau. Ma peau qui a changé sous l’action d’une machine qui imite le vrombissement des abeilles. C’est agréable d’avoir l’obligation de se caresser, de graisser, de soigner une zone qui a souffert. Je ne me sentais pas entière sans ce tatouage. Des mois que j’y pense et pourtant dix ans plus tôt je n’aurai jamais parié dessus. Jamais. Se faire tatouer à l’aube de ses cinquante ans ! Un point commun avec mon fils qui en a les bras couverts. C’est lui qui me l’a conseillé d’ailleurs.
— Maman, tu peux le faire ! Et si tu veux le faire, va voir ce gars-là. Il est très bien !
J’ai mis du temps à prendre rendez-vous et ensuite il y a eu le délai d’attente. Plus de trois mois. J’ai versé l’acompte et la date était réservée. Quand le jour du rendez-vous est arrivé, je n’avais qu’une obsession : voir le résultat ! C’est étrange un salon de tatouages. C’est comme un salon de coiffure mélangé à un cabinet médical avec une touche de rock’n’roll. On choisit son motif dans un catalogue comme on choisit sa coupe de cheveux dans un gros classeur aux couleurs passées et aux feuilles froissées. On s’installe sur une table d’examen et on stérilise tout, tout le temps. Il y a même la poubelle spéciale, comme dans les laboratoires d’analyses. Et il y a la musique : du rock. Ce jour-là, impossible de reconnaître le disque. Ça criait fort parmi de grosses guitares. Mon tatoueur, c’est comme ça que je l’appelle maintenant, était un homme grand, mince. Il devait avoir quarante ans environ. Il fait ça exclusivement depuis quinze ans. Même s’il est recouvert de tatouages, il est doux, attentionné et d’un professionnalisme rare. Même à l’hôpital, les médecins ne font pas autant preuve de bienveillance, de douceur, de compréhension. Bien sûr, j’avais peur ! Loin d’être une chochotte, la vie m’en a fait voir d’autres, mais je craignais la douleur. Quand je voyais mon grand garçon rentrer avec ses tatouages tout frais, s’effondrer dans le canapé et dormir comme frappé par une vilaine grippe, il y avait de quoi appréhender ! Mais je savais aussi que pour moi, ça allait être plus rapide. Mon tatouage n’était pas très grand. Ça pique, un peu comme une griffure de chat, mais pas de quoi me perturber. Surtout que ma sensibilité n’est plus la même. J’ai regardé le plafond tout le temps de l’opération. Je n’ai pas dit un mot.
Aujourd’hui j’admire le résultat, dans ma salle de bain. Je me suis déshabillée. Cinquante ans et tatouée, mais personne ne le saura jamais ! Sauf mon mari, sauf mes amies qui me demandent de leur montrer. C’est fou ! Quand je pensais que ma féminité s’en était allée avec mon foutu cancer, me voilà aujourd’hui en train de toucher mes nouveaux mamelons. Des mamelons lisses et roses, mais de loin on dirait qu’ils pointent. Ce n’est qu’en passant ma main que je sais que ce sont des tatouages.
Pour cette nouvelle, je me suis inspirée d'un artiste tatoueur basé aux US dont j'ai oublié le nom... J'ai écrit ce texte il y a un an et demi maintenant. Si vous avez son nom, mettez le en commentaire !
xx
C'est chouette de savoir écrire et communiquer des émotions, des images, des sentiments, des souvenirs comme ça. J'admire ceux qui savent écrire et transmettre ! :)
RépondreSupprimerLine de https://la-parenthese-psy.com/humeur/sommes-nous-libres-de-nos-choix/
Merci beaucoup Line pour ton commentaire :)
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