La véritable histoire du Petit Colibri

Ce texte est inspiré de l’histoire du colibri de Pierre Rabhi, histoire très connue aujourd’hui, notamment dans le monde de l’écologie. Il y a quelques semaines j’ai repensé à cette histoire et j’ai eu envie d’en écrire une version. Le titre est évidemment « provocateur » car la véritable histoire du colibri appartient à Pierre Rabhi. Prenez ce texte comme un texte et non comme un article. Merci pour votre tolérance et votre bienveillance. Bonne lecture.

Il était une fois une grande forêt où vivaient des animaux de toutes sortes. Il y avait des singes, des lions, des tigres, des escargots, mais aussi des paresseux, des écureuils ou encore des colibris. Tout le monde vivait les uns avec les autres, menant leur propre existence sans se soucier du reste. 
Un jour la forêt est menacée par un grand feu. Les flammes contaminent les arbres les uns après les autres, réduisant en cendre les terriers, les nids, les maisons des animaux. Chacun fuit, chacun court et chacun pleure la destruction de son habitat. D’autres tentent de se rassurer à l’idée que tôt ou tard le brasier se calmera, que le feu finira par s’éteindre et sans gagner leur abris. 
Un Petit Colibri vit à quelques kilomètres de la barrière de flammes. Sentant que le danger approche, il cherche une idée… Quelque chose à faire pour arrêter ce fléau ! Sur les réseaux sociaux, le Petit Colibri découvre un autre colibri qui, dans une forêt lointaine, vit le même problème. Ce dernier partage des conseils pour lutter contre les flammes : « allez chercher de l’eau et éteignez le feu ! » 
Quelle bonne idée  ! 
Le Petit Colibri se précipite et cherche des feuilles, des outils, quelque chose lui permettant de transporter de l’eau jusqu’aux flammes. 
À l’aide de quelques brindilles bien choisies, il fabrique un petit seau en bois et le remplit de quelques gouttes d’eau. Il vole jusqu’à la barrière de feu et déverse le contenu liquide. Il revient ensuite et de nouveau, remplit son seau d’eau. Les jours se suivent et le Petit Colibri suit les conseils de l’autre colibri. 
Le Petit Colibri a décidé de faire, lui aussi, sa part. 
Pour partager son nouveau combat, le Petit Colibri se prend en photo avec son seau d’eau et appelle ses amis sur les réseaux sociaux à en faire de même. 
Les retours sont incroyables ! Ses amis l’encouragent, certains vont même jusqu’à faire comme lui. D’autres partagent son idée pour diffuser le message. 
Le Petit Colibri est heureux ! S’il peut donner envie aux singes, aux tigres et aux escargots d’en faire de même, alors l’incendie n’a qu’à bien se tenir ! 
Les jours passent et le Petit Colibri continue de partager son quotidien. Il trouve de nouvelles astuces pour amener plus d’eau à chaque voyage, il rappelle aussi à ses amis de se reposer, que l’important est de faire sa part, pas de se tuer à la tâche. Les semaines passent et le Petit Colibri a trouvé un sens à son existence en essayant de sauver la forêt. 
Un jour, alors qu’il transporte son petit seau d’eau, il est interrompu par un singe. Un singe qu’il n’a jamais vu auparavant. 
« Les flammes sont trop grandes ! Tu n’arriveras à rien avec tes quelques gouttes d’eau, Petit Colibri ! » 
« Je fais ma part ! Je fais ma part ! » 
Et le Petit Colibri repart. Il sait bien qu’il ne sauvera pas la forêt à lui tout seul, mais si tout le monde faisait comme lui, peut-être que… 
Le lendemain, alors que le Petit Colibri s’apprête à poster une nouvelle photo de son seau prêt à être déversé sur les flammes, il s’aperçoit qu’il a reçu un message. 
« Bonjour Petit Colibri, j’ai bien vu que tu copiais le colibri de l’autre forêt ! » 
Le Petit Colibri ne comprend pas le message. Il sait bien que l’autre colibri l’a inspiré pour entamer son combat, mais il n’a jamais prétendu être détenteur de l’idée initiale. Son seul but est de sauver la forêt. 
Un autre message apparaît. 
« Bonjour Petit Colibri, je t’ai vu l’autre jour, tu étais tranquille sur ta terrasse alors que les flammes menacent toujours la foret ! Tu nous fais croire que tu fais ta part, mais pas tant que ça finalement  ! » 
Le Petit Colibri se souvient de ce jour… Il faisait beau et il avait décidé de se reposer entre plusieurs allers-retours jusqu’aux flammes… C’est vrai, avec du recul, il aurait pu faire plus ! 
Chaque jour se ressemble. Le Petit Colibri, un seau, de l’eau et son combat contre les flammes. C’est devenu son quotidien qu’il partage avec les autres. Grâce à ses actions, un lion a décidé de rejoindre le combat, un paresseux aussi ! Mais le colibri se sent de plus en plus mal… Parmi les animaux qui décident d’amener de l’eau, plusieurs lui rappellent qu’il n’en fait pas assez, que ce n’est jamais bien, que ses gouttes d’eau ne servent à rien. Un tigre peut transporter beaucoup plus d’eau, les singes aussi… Ils sont plus grands, plus forts et plus habiles. Sans oublier le nombre de fois où le seau du colibri lâche en plein vol… 
À force de recevoir des critiques, chaque battement d’ailes pour aller éteindre les flammes devient de plus en plus éprouvant. Le Petit Colibri sait qu’il ne peut plus faire marche arrière. Jamais il n’abandonnera sa forêt, mais il regrette l’époque où il le faisait pour lui, sans en parler aux autres. Il regrette l’époque où il menait son bout de chemin en expliquant son action à qui voulait bien l’entendre, loin de l’animosité ambiante des réseaux sociaux. 
Mais que faire ? 
Le Petit Colibri décide alors de ne plus montrer son seau d’eau, de ne plus montrer son chemin quotidien. Ainsi le calme est revenu. Seuls restent ceux qui croient en lui et à ce qu’il accomplit… 
Un autre feu naissait en son for intérieur, des braises qui le consumaient de plus en plus. Vaincre le feu de la forêt était devenu son but, oubliant de faire attention aux allumettes jetées lui brulant la tête et les ailes.

Pour en savoir plus sur l'histoire du colibri de Pierre Rabhi, cliquez ici

Commentaires

  1. J'ai l'impression que depuis quelque temps, tu souffres beaucoup des commentaires et des remarques des internautes... Ton livre apporte tellement d'espoir et de force, tes histoires sont si parlante (je parle surtout de celle du concours auquel tu n'as pas pu participer finalement), tu aide et encourage tellement par ta plume... Tu fais largement "ta part" pour contribuer à un monde meilleur (pour reprendre l'idée du colibri)... Je pourrai facilement dire "n'écoute pas les rageux" ou "ne fais pas attention à ces ignares ou autres" mais j'ai moi même du mal à ne pas faire attention à leur regard ou à dépasser les remarques parfois alors qui suis-je pour te donner conseil..? Ce que je veux dire, de manière un peu maladroite peut-être, c'est ce que je me dis tout les jours: "Garde le cap parce que c'est ce en quoi tu crois, et tu fais bien. Nul n'est pas parfait et nul ne peut l'être alors arrête de chercher à l'être (en générale, je me rajoute "idiote" mais je ne vais pas le dire à toi, on ne se connait pas assez pour que je me permette cette familiarité :) ) N'écoute pas les méchancetés des autres, ils n'expriment que leur propre "souffrance" (on met ce qu'on veut dans ce mot: incapacité, frustration, angoisse etc) et garde sur eux un regard compatissant et sur toi un regard d'amour.." Je pourrai continuer longtemps comme ça, mais quand je fais ce genre d'introspection, ça me fait du bien et j'ai moins mal des mots des autres. En général, je fini par un "merci la vie" parce qu'il y a tellement de chose trop cool en dehors de ça !
    Bref, tout ça pour te dire merci de continuer à partager ta plume et un bout de ta vie, tu rajoute une belle couleur à notre monde. Prends soin de toi

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  2. Très beau texte et intéressant. Merci beaucoup

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  3. Merci Manon, je te suis depuis le début, je fais rarement des commentaires, ton livre est là pas loin de moi, ce texte est très "fort" et très touchant.
    A méditer. Merci Manon et continue

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  4. Anonyme2/09/2019

    Plusieurs fois que j'essaie de poster un commentaire, je ne sais pas si ça a marché ou non...
    Bref. Ce que je veux écrire n'est pas une critique, car je suis moi aussi dans ce cercle, c'est seulement une réflexion. Je me demande pourquoi finalement tout un tas de colibris décident de mettre en scène leur vie, leur quotidien ? Quel est le dessein d'une telle pratique si au final cela devient une source de découragement / une contrainte / une source d'angoisse / un truc qui fait que le plaisir n'est plus totalement là ? Se mettre en scène online, c'est se confronter à tous les autres jugements. Et inlassablement, on n'évite pas le constat que sur dix commentaires reçus, si un seul est négatif, c'est toujours celui qui piquera le plus et laissera un goût amer. Alors diable, pourquoi tant de colibris s'obstinent à partager, à s'exposer, à se donner si facilement en pâture aux autres ? En 2019, le grand luxe, n'est-ce pas de vivre caché pour vivre heureux ?

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    1. haha très bonne question... !!

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    2. C'est vrai que c'est une bonne question, surtout qu'il semble que les gens qui s'expose le plus sont souvent des gens très sensibles (donc d'autant plus faciles à blesser).
      Une lecture qui peut aider, pour ceux et celles qui veulent pouvoir afficher leurs valeurs sans souffrir du regard des autres, c'est les 4 accords Toltèques. Pas facile à appliquer - je crois qu'on peut avoir besoin d'une vie entière, en fonction des dégâts laissés pas notre éducation - mais la lecture est très inspirante.

      ps : pas de foie gras pendant les fêtes ! mais bon, j'en ai mangé au restaurant après, donc pas de quoi en faire une fierté...
      ps bis : oui oui, j'ai bien lu toute la newsletter, elle m'avait manqué !

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    3. Merci Roanne pour ton commentaire !
      Oui les accords toltèques aident beaucoup en effet ! Mais parfois entre la théorie et la pratique, ça peut déraper ahah
      Contente de savoir que tu as apprécié le retour de la newsletter, ça me fait très plaisir !

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  5. Le problème avec la vraie histoire du Colibri, qui n'appartient absolument pas a ce fiéfé escroc de pierre rabhi, c'est qu'on en raconte jamais la fin, surtout pas ce cher Pierre car ça changerait surement la façon dont on le voit car, à la fin le colibri meurt d'épuisement et ça notre ami se garde bien de le raconter, bah oui on comprendrait vite qu'il veut se servir de ses ouailles jusqu'à épuisement...sacrifiez vous pour la cause devenez martyr !

    https://blogs.mediapart.fr/jean-philippe-gaborieau/blog/020919/la-fin-de-l-histoire-du-colibri

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