Nouvelle : La décision
J'en ai parlé sur les réseaux sociaux, j'ai participé au concours de nouvelles Aufeminin. C'est un concours d'écriture qui fonctionne avec un système de votes. C'est un chouette concours, j'y avais déjà participé l'année dernière. Cette année, je m'y suis prise à temps, j'ai sollicité toute la planète pour avoir plein de votes, j'étais troisième et... PLOUF ! Une abonnée sur Instagram m'a dit que c'était réservé aux auteurs non édités (en maison d'édition). Alors j'ai contacté les organisateurs, je n'aime pas trop être hors la lois. En effet, c'était écrit à plusieurs endroits mais pas dans la partie "OBLIGATIONS DU PARTICIPANT" du règlement qui stipulait que c'était ouvert à toutes personnes majeurs ayant un accès à internet.
Bref. J'ai honte, j'm'en veux, je me sens naze. MAIS j'ai décidé de partager cette nouvelle ici car sur toutes les personnes qui ont voté, beaucoup m'ont dit qu'elle était cool. Alors c'est ça mon trophée, quand vous aimez ce que j'écris !
Je précise qu'en participant je n'ai jamais voulu prendre la place d'auteurs "novices" parce que je me considère comme une auteure novice. Ok, j'ai été publiée une fois mais à l'heure actuelle je n'ai pas de contrat pour 4 livres chez Gallimard. C'est pour ça que je pensais ma démarche légitime. Désolé pour ceux que ça offense, vraiment.
Pour la petite histoire, cette nouvelle est une histoire vraie et c'est marrant car elle parle finalement du sentiment de culpabilité. J'ai vécu cette culpabilité, je la raconte dans ce texte et je la revis avec cette situation bizarre d'annulation de concours... Bref, ce texte a un drôle de karma !
Malade. Je suis malade. En quarante-huit heures de week-end, j’en ai dormi trente-six. Ça a commencé comme n’importe quelle maladie : une gorge qui gratte. Puis le corps qui sombre. Dormir tout le samedi. Dormir tout le dimanche. Heureusement, demain je travaille depuis la maison, mais mardi… MARDI ! J’anime une conférence sur l’écriture créatrive. Cet événement est fixé depuis des mois, je m’y prépare depuis des semaines. Je peux tomber malade quand bon me semble, mais pas maintenant ! Samedi, début des visites, dimanche, le virus a signé le compromis de vente, demain il y a fort à parier pour qu’il se rétracte. Je ne suis pas une si bonne affaire.
— Désolé de l’annoncer, le virus se maintient, il est temps de prendre une décision, Manon.
C’est mon système immunitaire qui parle. Il ne pipote jamais dans ce genre de situation. Parce qu’annuler un dîner avec des amis, une promenade en famille ou un week-end à Barcelone : aucun problème. Les raisons peuvent être diverses et variées : la flemme, la flemmardise, la flémingite. Mais quand il s’agit d’engagements professionnels auprès d’institutions publiques, la petite fille bien élevée ne sait comment affronter l’autorité. JAMAIS, ce n’est JAMAIS arrivé en trente ans d’existence. Je n’ai jamais annulé un évènement, et encore moins la veille pour le lendemain. Rien que d’y penser, le stress se déverse dans mon corps, nourrissant le virus par la même occasion.
Au fond de mon lit, la décision fait débat :
— Tu es dans un sale état. C’est rare, mais le virus est puissant, dit le système immunitaire, il faut capituler !
— Tu t’es engagée, ma cocotte ! Tu vas te gaver de thym, de miel, de paracétamol et tu vas le faire, dit ma conscience professionnelle.
Et moi, au fond de mon lit, appréhendant chaque moment où je devrai avaler ma salive. Aïe !
J’attrape mon téléphone, il faut que je les prévienne. Ce n’est pas possible. Évidemment, ça ne répond pas. Ils ne travaillent pas le lundi. Je décide d’appeler la mairie. Affaire d’État.
— aaaAAAa…OoooOOO ?
— Oui allo ? répond mon interlocutrice.
Tel un adolescent en pleine puberté, telle une corneille dans la brume du matin, tel un coup de téléphone passé sous un tunnel, je tente d’expliquer mon incapacité à animer cette conférence pour la simple et bonne raison que, je viens de le découvrir, ma voix ne sort plus les consonnes.
Je m’attends au pire : « Mais enfin, Madame, vous ne tenez pas vos engagements, vous êtes de la pire espèce, nous allons en parler à vos parents qui vous donneront la fessée ».
— Oh la la, j’entends bien… Je préviens la personne en charge de l’organisation et… Reposez-vous bien surtout.
On ne m’a pas grondé. Autant de doute, de culpabilité au fond de mon lit dans mon pyjama de trois jours, pour finalement recevoir de la compréhension et un doux message de rétablissement.
— On s’en fout ! On n’y va pas !
C’est mon système immunitaire.
— Ah non ! On n’y va pas, d’accord. Mais on ne s’en fout pas.
C’est ma conscience professionnelle.
J'espère que vous avez aimé ! N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour partager votre avis ! Sans rancune Aufeminin... Comme dirait Ewen : "il y en aura d'autres", et moi je réponds : "des claques ?" et il dit "non des opportunités pour que tu brilles."
Des mercis tout particuliers à Ewen, Laëtitia et Adrien pour leur aide et avis au moment de la relecture !
xx
Merci de partager ce texte avec nous. On y retrouve une thématique qui t'est chère, je crois : la difficulté à dire non dans le cadre professionnel !
RépondreSupprimerJe me retrouve pas mal dans ce texte-ci comme je me suis retrouvée dans le roman.
Pour cette histoire de concours, ne te fais pas de bile, ce n'est franchement pas grave ! Mais alors vraiment pas grave du tout !
Je n'ai pas de problème à dire non dans le cadre du travail. Il s'agit plutôt de la notion d'engagement et l'envie de bien faire quand on est motivée par un projet.
SupprimerOui il y a bien plus grave dans la vie :)
Hello, cette nouvelle est en effet très sympa ;) Et je suis comme toi (ça vient peut être du prénom), je culpabilise au moindre retard ou imprévu..
RépondreSupprimerMerci :)
SupprimerBonjour Manon,
RépondreSupprimerJ'aime bcp cette nouvelle, le sujet me touche comme beaucoup de personnes j'imagine...
Merci beaucoup !
Supprimer